lundi 31 décembre 2007

Millésime 2007

Pour diverses raisons, j’ai l’habitude d’associer le moment du bilan de l’année écoulée à la période estivale, et de voir défiler l’année d’octobre à septembre, plutôt que de janvier à décembre. Mais puisque c’est dans l’air du temps…

Comment je me rappellerai 2007?

Pour le coup, elle avait plutôt mal commencé puisque j’étais malade pour le réveillon après m’être enfermée en dehors de chez moi par mégarde l’un des derniers jours de décembre 2006 (le classique de la porte claquée avec les clés à l’intérieur, je vous déconseille fortement les jours où tout le monde est en vadrouille!). Mais je m’étais rattrapée très vite par un grand bol d’air à la montagne à dévaler les pentes grisée par la vitesse, séjour somme toute assez exotique, tant pour l’endroit que pour la compagnie.

Il y a eu deux années 2007 en fait, puisqu'à l’automne j’ai changé de pays, de ville, d’appartement, en partie d'activité, d’employeur, d’entourage, d’environnement linguistique et culturel au quotidien, bref de vie, dans une large mesure.

Donc 2007 aura été l’année du changement, à la fois celle des derniers mois à l’étranger, ensoleillés pour la plupart, et des premiers mois et à Paris, avec toute la série de chamboulements heureux et moins heureux que cela comporte. Nous sommes des monstres d’habitude et rompre avec celles-ci a toujours un petit goût d’insécurité. A la fois grisant et un tantinet angoissant, mais ouvrant pas mal d'opportunités.

Une année intense en travail, trop par certains côtés, pas assez par d’autres, avec quelques résultats.
Une année assez pantouflarde en un sens, où je me suis appliquée à rester en place autant que possible, plus qu’à voyager (tout le contraire de mes habitudes... en tout cas jusqu’au déménagement)
Une aventure théâtrale et une autre photographique qui m'ont fait faire des choses dont je ne me soupçonnais pas capable.
De belles histoires d’amitié nouvelles, retrouvées, creusées.
Une vie personnelle un peu en sommeil qui se réveille et commence à me titiller.

Pour 2008 pas de grande résolution publique, si ce n’est achever ce que j’espérais un temps parvenir à boucler en 2007, mais que je traînerais encore pour quelques mois en 2008… un projet sur lequel je travaille depuis un peu plus de 4 ans.

Et puis, trouver les lieux et les personnes pour continuer les choses que je prends plaisir à faire en dépit du changement de cadre, garder et revoir les amis qui habitent ailleurs, peupler ma vie parisienne de nouvelles têtes autant que possible.

dimanche 30 décembre 2007

Soit dit en passant...

Contente d'être de retour à Paris (bientôt j'arriverai peut-être à dire chez moi?) et d'avoir un peu de temps pour moi!

Noël et les grand-messes de retrouvailles familiales et gastronomiques associées c'est bien sympa, mais au fil des repas, des jours et des années ça pèse pas mal sur l'estomac et un peu sur les nerfs (festival de justifications en tout genre et de conversations un peu vides pour ne froisser personne...). Que les miens et ceux qui n'ont pas forcément la chance d'être bien entourés pour les fêtes me pardonnent ces mots...

La graine et le mulet (A. Kechiche)

Une saga familiale originale, colorée et dynamique, un peu longue (2h30) mais très plaisante! Des personnages attachants, des regards qui pétillent, bref un film sincère et vrai qui nous immerge dans le quotidien d'une tribu comme on en voit peu à l'écran.

Gros plan sur une grande famille recomposée. Le film se passe à Sète, ville portuaire et multiculturelle ouverte sur l'Afrique du nord par les routes maritimes qui l'y relie, sur fond de déclin de la pêche au thon et des chantiers navaux. C'est une fiction qui prend des allures de reportage tant elle est filmée de manière réaliste, caméra à l'épaule.

Slimane, père sexagénaire de douze grands enfants, employé des chantiers, se retrouve au chômage et décide de faire un pied de nez au destin en se lançant dans un projet un peu fou: restaurer une épave et y monter sa boutique. Un restaurant dont la spécialité serait le couscous au poisson (la graine et le mulet), ce qui tranche franchement avec les traditions culinaires sétoises et que tout le monde ne voit pas d'un bon oeil trôner au milieu du quai, évidemment. Une entreprise familiale qui repose sur les talents culinaires de son ex-femme et l'aide des enfants. Scènes de rire et de pleurs de la vie familiale dans les maisons des uns et des autres, entrecoupées du parcours semé d'embûches du porteur de projet. Une jolie manière d'explorer la dialectique immigration-intégration et l'acceptation des communautés maghrébines dans une petite ville du sud, sans en faire pour autant le premier sujet du film. On est si bien plongé dans le film qu'on intègre quasiment le stress de Slimane le jour de la grande ouverture.

Ce que j'ai aimé particulièrement, et c'est un aspect original du film je trouve, c'est la force des personnages féminins. Les filles sont des battantes incroyables et les vrais piliers de la famille, côté original comme côté recomposé. Ce sont les véritables meneuses de l'histoire et des chaumières. Elles sont dures, belles mais solides, elles en imposent. L'une des filles de Slimane raconte comment elle ne s'est pas laissée faire et a organisé la grève des ouvrières à la conserverie le jour où des licenciements étaient annoncés. Elle gère les crises et les écarts de son frère. Rym (actrice-révélation du film), la fille de sa compagne le pousse à aller de l'avant et l'aide dans ses démarches à la banque, à la mairie, sans se démonter devant les réponses négatives ou évasives. Les hommes de la seconde génération à côté, sont des suiveurs: l'un est mauvais père et trompe sa femme éhontément; l'autre est un jeunot timide qui oublie une partie des ingrédients du couscous lors de la soirée d'ouverture. Seul le père se bat en fin de compte, au nom de tous et de la volonté de laisser quelque chose aux enfants. Les deux fils mettent l'entreprise en péril, elle est finalement sauvée par les filles.

J'ai regardé ma montre à deux moments. Deux séquences en particulier méritaient peut-être d'être abrégées, même si probablement on y perdrait en intensité des émotions qu'elles suscitent: celle de l'épouse trahie qui crie sa colère et la grande scène finale (où on attend le couscous aussi impatiemment que les invités, faim ou pas!). Raccourci d'un quart d'heure en coupant aux bons endroits le film serait parfait.

On pourra objecter que les visages pâles de l'élite locale sont un peu caricaturés (ou pas tant que cela?), mais pour une fois que ce ne sont pas les personnages beurs ou métis qui le sont, la manoeuvre est parfaitement acceptable...

A voir!

lundi 17 décembre 2007

Escapade

Paris retour simple fait une petite pause pour cause de mouvements de fin d'année. Non non, je n'ai pas dit mouvement social, pas de grève en vue!

J'ai simplement repris pour une petite semaine mes anciens quartiers italiens. Comment dire, comment décrire cette drôle d'impression de "retour à la maison" qui fait du bien de temps en temps, les retrouvailles avec un univers plus familier que celui où j'évolue désormais la majeure partie du temps, à Paris... De quoi s'embrouiller en essayant de définir le point de départ et la destination, vers où le voyage aller, depuis où le retour?

Un petit aperçu du parcours obligé... Le sourire aux lèvres à la sortie de l'avion: il fait froid, mais toujours cette lumière à la chaleur incomparable. Le capuccino au bar-café du coin, dans une bonne odeur de café fraîchement moulu et de liquide noir qui coule dans les tasses. La mousse de lait compacte et légère à souhait, tasse dans une main, brioche dans l'autre, accoudée au comptoir, per forza, en papotant de la pluie et du beau temps avec le barman. L'addition qui se règle avec une seule petite pièce... Le bonjour aux vendeurs du marché du quartier, qui me reconnaissent, tout sourire eux aussi.

Brunch dominical organisé en toute spontanéité en fin de soirée du samedi, chez des amis où j'en retrouve d'autres avec plaisir. Vue sur les toits (pas gris du tout) de la ville-musée, parée de lumières. Dessert de glace ricotta-figues au goût d'été. Quelques petits achats pour se faire égoïstement plaisir: une jolie paire de gants après plusieurs essayages dans une échoppe qui en vend de toutes les couleurs, de toutes les tailles imaginables, des dizaines de modèles différents. Un petit tour à la campagne pour voir les oliviers dans la lumière rose de l'après-midi. Flocons de neige inattendus, mais éphémères. Une vraie pizza napolitaine à la mozzarella di buffala, mmmm. Reste à mettre la main sur l'inévitable panetone!

Voilà, pour l'instant, je suis surtout dans le retour aux sources propre à la période de Noël, sur fond de travail à finir (c'est beaucoup moins les vacances que ça en a l'air!)

La suite de mes aventures parisiennes au prochain numéro...

dimanche 9 décembre 2007

Ratages du samedi et soleil du lundi

La période n'est pas très propice aux divertissements et aux sorties culturelles, même si d'ordinaire je parviens toujours à ménager un peu de temps pour les jolies choses de la vie dans les circonstances les plus adverses, là ça devient limite... Entre les bouclages de fin d'année en tout genre, les courses de Noël et le programme de la semaine prochaine, c'est un peu la période des vaches maigres. Et je ne parle même pas de la pluie battante de nature à décourager bien vite qui a envie de mettre le nez dehors.

Hier j'ai quand même eu le plaisir de retrouver un couple d'amis, dont un copain d'études perdu de vue depuis 7 ans pour un dîner d'avant-cinéma. Pour faire rapide, sans s'eloigner trop des cinémas où nous voulions aller ensuite, nous nous sommes retrouvés au Café de l'Industrie. Où l'on mange des plats simples mais bons, et il est en général possible d'avoir une table assez vite même sans avoir réservé puisqu'au total c'est assez grand. Ce sont en fait trois cafés adjacents qui partagent le même nom, rue Saint-Sabin, 5 minutes au nord de Bastille. Sachant que dans le coin de Bastille il y a beaucoup de bars, cafés, restos mais finalement pas tellement où on envie d'entrer et de passer un moment, ça vaut le coup de retenir celui-là. Déco sympa tendance ambiance coloniale, musique live parfois - dans l'un, il y a un piano. Prix modérés (plats de viande à 14-15 euros max).

Après, donc, c'était ciné au programme (Les promesses de l'ombre, après maintes tergiversations pour faire converger les préférences, et on n'était pas nombreux, ouf!). Sauf que moi qui n'y connais rien je ne me doutais pas que les salles faisaient le plein aussi à la séance de 22h le samedi, et qu'il valait mieux acheter son billet bien à l'avance, faute de se retrouver devant le dilemme: "premier rang ou strapontin?". Pour finir par choisir l'option "on va boire un verre", ce qui (re)passe quand même par une longue ballade sous la pluie en préliminaire avant de trouver dans le secteur le café sympa où boire un pot à l'heure où d'autres viennent pour dîner... Je suis incapable de me rappeler où on a atterri.

Heureusement, demain j'ai un déplacement au SOLEIL!

De quoi retrouver un peu la pêche. Vive les petits bonheurs.

Heure locale :lundi à 07hlundi à 13hlundi à 19hmardi à 01h
Temps sensible
Température (°C)11°14°10°

mercredi 5 décembre 2007

Blueberry Nights

Ce post aurait aussi pu s'appeler "le jour où je suis (re)tombée amoureuse de Jude Law"... Je sors à peine de "Blueberry Nights" de Wong Kar-Wai. C'est gentil, bien filmé, doux et plaisant. Il y a la charmante Nora Jones pour les uns et le charmeur Jude Law pour les autres alors tout le monde ressort bien content en espérant vaguement trouver une carte postale dans sa boîte aux lettres au retour.

C'est l'histoire de quelques personnages attachants et un peu perdus qui essaient de guérir d'une rupture amoureuse. Et celle d'Elizabeth (Nora Jones) en particulier, qui pour ce faire prend le large pour oublier, avant de mieux revenir retrouver au café du coin le prince charmant qui l'a consolée le soir où tout semblait finir, et en réalité tout commençait (ça, on l'avait compris dès le début)... Dit comme cela, ça fait un peu mièvre, mais avec une belle photo et une belle bande originale on passe un bon moment (et on se repose les méninges). Après trois jours de travail intense, j'avoue que tout ce que je voulais c'était un film facile qui mette de bonne humeur.

19 euros...

C'est le coût de la location forcée du vélib' le jour de pluie où toutes les stations sont pleines pour ne pas rater un dîner sympathique. Ce qui fait fort cher le dîner, au final! Je m'en suis rendue compte hier matin quand j'ai voulu prendre un vélo. Argh.

Pour le prix je voudrais un vélo avec un klaxon de voiture et un phare qui permette de faire des appels. Pour éblouir les voitures dans leurs rétros, histoire qu'on ne m'ouvre pas la portière en pleine face... Hier c'était le festival en rentrant de Saint-Germain: voitures passant sur la fin du feu orange pour aller se tasser en plein carrefour, scooter en contresens dans les couloirs vélos (on n'a même pas la place de s'y doubler, lui et moi sur le vélib'), les piétons distraits ou suicidaires comme à l'habitude qui traversent au rouge dans les grands carrefours (et ensuite, me grondent parce je passe tout doucement devant ou derrière eux au feu piéton)

mardi 4 décembre 2007

Sushi Zen ou la cantine d'en bas

J'en aurais finalement trouvé une, de cantine pour déjeuner (sain) de temps à autre par chez moi, mais hors les murs... et pas banale. Les meilleurs Sushi de Paris, disent-ils, dit-on. Alors évidemment je n'ai pas testé tous les autres pour comparer, mais une chose est sûre: ceux-là sont préparés tous frais à la commande, sous votre nez, et le chef sait y faire. A disposition grand choix de poissons différents et combinaisons diverses et variées de makis, sushis et sashimis. Et on y retourne après avoir tenté la comparaison ailleurs.

Suite à une rénovation récente, il y a une petite dizaine de places pour manger sur place. Ambiance petit bar à sushi et bavardages entre voisins, ce qui fait que j'aime y déjeuner de temps en temps en cours de semaine. Mais leur activité principale est la vente avec livraison.

Prix corrects pour de bons sushis. Menu midi sur place ou à emporter à 10,50€: soupe ou salade, 5 sushis, 6 makis (-25% sur les prix de la carte pour une consommation sur place ou à emporter car les tarifs de base incluent la livraison).

La boutique a été reprise à l'automne par un groupe de jeunes associés et elle continue à bien tourner avec une clientèle fidèle.

Sushi Zen, 139 rue de Charenton, Paris 12è. Tel 01 43 41 83 34.
(Rien à voir avec les autres du même nom, ce n'est pas un chaîne)

dimanche 2 décembre 2007

Dîner mexicain à l'Anahuacalli

"On se donne RV là-bas, ok, tu me rappelles le nom du resto? Ana-quoi?"

Après 20 bonnes min de vélib' sous la pluie et recherche désespérée d'une borne libre, j'aurais au moins appris qu'il ne faut surtout compter sur le vélib' dès qu'il y a 2 gouttes qui tombent, pour 3 raisons :
- on se fait tremper (facile)
- ils freinent très mal, encore pire que d'habitude
- personne d'autre ne le fait, du coup les vélos ne circulent pas, donc toutes les stations sont pleines: j'ai fini par devoir le cadenasser devant le restaurant et je vais payer l'addition pour la location forcée...

Heureusement le but du voyage en valait largement la chandelle!
Dîner au Mexique dans un petit restaurant près du boulevard Saint-Germain.

De jolis cocktails (margarita délicieuse mais j'ai passé) avec un bon guacamole maison tout frais en entrée. Ensuite j'ai opté pour les aiguillettes de canard du chef avec crème de fleurs de courgettes et compote de rhubarbe. Très fin, sucré-salé, léger. Les associations gustatives sont soignées et inhabituelles. De la bonne cuisine vraiment mexicaine, raffinée et authentique, rien à voir avec le tex-mex que l'on peut trouver ailleurs. Mes compagnons de dîner ont pris l'un le gigot d'agneau servi avec riz et haricots rouges, l'autre une daurade (très bien cuite) avec une sauce aux petits légumes. Tous les plats très bons, de jolies assiettes en prime. Je regrette de n'avoir pas pris mon appareil pour pouvoir mettre en ligne des photos de nos plats colorés et savoureux.

Ambiance chaleureuse et sympathique, à commencer par le service, authentiquement mexicain, avec plaisanteries en espagnol en aparté si affinités. Cadre agréable, une seule salle pas si grande, donc réserver obligatoirement en fin de semaine, quitte à le faire la veille pour avoir une table le samedi à 20h. Difficile pour une grande tablée.

C'est au 30 rue des Bernardins dans le 5ème (métro Maubert). Menu et photos sur leur site (certains prix revus légèrement à la hausse). Compter environ 40 euros par personne pour plat, dessert et vin ou cocktail.

Moi j'y retournerais bien pour goûter une viande à la sauce au cacao...

jeudi 29 novembre 2007

Maeterlink par Marthaler

Cela commence par une entrée en matière qui est une véritable épreuve: un long dialogue sonore entre un piano et une demi-douzaine de machines à coudre. Une scène interminable, de longues minutes où les personnages se regardent en chien de faïence et à peine quelques mots épars sont prononcés. On se prend à se demander si l'on est bien au théâtre et ce qu'on est venu faire là.

La salle tousse, s'agite ou s'enfonce dans son fauteuil, manifeste son mécontentement. Une hémorragie qui part du milieu des rangs (il faut être passablement excédé pour faire se lever dix personnes afin de gagner la sortie!). Certes, venir écouter le bruit des machines à coudre pendant vingt minutes un soir de semaine après une journée de travail, on peut comprendre que cela ne soit pas du goût de tout le monde.

Et pourtant, le décor et les personnages sont posés. Nous sommes dans un atelier de confection textile quelque part en Flandres, un hall plutôt lugubre, entre ouvrières-couturières qui s'affairent et personnages au regard hagard qui les tiennent à l'oeil. Le pianiste donne le tempo.

C'est surprenant, déroutant, facétieux et musicalement ingénieux. Marthaler a composé un tableau à peine animé avec sa bande sonore. L'action est réduite au minimum, les personnages sont perdus, tiennent des rôles absurdes, mystérieux. Le metteur en scène suisse mélange les langues et les musiques, les rares mouvements sur la scène sont étudiés et précis au millimètre. Un beau travail sur le chant de la part des comédiens, une musicalité très réussie qui va jusqu'à jouer sur les sonorités des langues (français, néerlandais, allemand, anglais).

Marthaler fait sa petite cuisine personnelle en nous livrant un spectacle en majeure partie chanté qui entremêle extraits du répertoire lyrique et chansons populaires, parfois même scatologiques. Associations audacieuses. Ceux qui ont horreur du burlesque, s'abstenir.

Au final on ne peut s'empêcher de trouver l'ensemble finement orchestré, minutieusement composé, d'apprécier l'ingénuité de la chose. Même si on a trouvé certains passages longs et gris et on se dit que Marthaler abuse un peu de nous imposer cela... Disons qu'il vaut mieux y aller bien disposé et pas fatigué pour pouvoir apprécier. Il y a sans aucun doute quelque chose de génial dans l'art de Marthaler. Je n'ai vu pas tant de ses spectacles, mais je me souviens très bien d'un Faust qui reste l'un de mes souvenirs de théâtre les plus marquants.

Voir aussi une critique assez juste je trouve dans Le Monde du 29/11/07.

Au théâtre de l'Odéon jusqu'au 4 décembre. De 7,50 à 30€ la place (soit dit en passant il y a de très bonnes places à 7,50€ dans les baignoires les plus proches de la scène, sur le côté mais c'est sympathique de voir de près le visage des acteurs)

mardi 27 novembre 2007

Alors, comment tu te sens à Paris?

Question récurrente ces temps-ci. Les amis semblent s'être donné le mot pour me faire réfléchir à la question. Mah, sta domanda...

Ma réponse spontanée, immédiate, la première chose qui me vient à l'esprit: étrangère. Touriste. De moins en moins? Pas vraiment. Certes, j'ai fait des progrès: j'ai appris à reparler français à peu près correctement sans chercher mes mots ni changer de langue quand je ne trouvais tout de suite le bon, et les mots italiens ne fusent plus à tort et à travers. Les premières semaines, c'était drôle, il y a des gens qui me prenaient pour une touriste italienne.

Terre à la fois familière et étrangère. Francophone, francophile, franco-centrée... parfois un peu trop, mais tout dépend des choix qu'on fait finalement. On peut vivre 100 vies différentes ici. Je me surprends à continuer à lire les journaux étrangers. Des choses qui me rappellent mon enfance française. Des retrouvailles avec des gens qui ont changé, visages familiers mais personnes qui ont suivi leur propre chemin.

Etrangère, doublement. Cette impression de vague décalage qui s'entête. Le rythme de mes semaines. Mes préoccupations qui n'ont pas grand-chose à voir avec celles des connaissances. Mes références exotiques du quotidien qui ne sont pas les leurs, et les leurs que je n'ai pas. Les amis les plus "proches" éparpillés dans les pays limitrophes et le style de vie qui s'en suit. Je continue à me perdre et je sais rarement où aller pour trouver ce que je cherche. Peut-être le meilleur moyen d'apprécier la ville? Je retrouve aussi avec plaisir certains traits d'une société multiculturelle - qui, en dépit de tous les dysfonctionnements qu'on peut déplorer, en tire une grande et belle richesse.

On pourrait aussi ramener l'interrogation à la question centrale: Comment te sens-tu? Demande rhétorique à laquelle un matin, sur un coup de tête, on décide de répondre véritablement, ce qui a généralement pour effet immédiat de mettre l'interlocuteur dans un bel embarras. Le décor n'est peut-etre plus si déterminant une fois qu'on s'est habitué à en changer souvent... j'aimerais croire le contraire.

Deuxième pensée, une autre question: mais au fait, cela fait combien de temps que je me suis installée à Paris? Un mois, non, plus. Début octobre, fin septembre? Le retour fut cahotique à souhait. Il s'est étiré dans le temps et l'espace au point de devenir difficile à dater... de quoi avoir un peu le tournis au début.

Un peu trop tôt pour dire, non?

dimanche 18 novembre 2007

Paris Photo: le bazar de la photo d'art?

Je suis allée voir Paris Photo au Carroussel du Louvre, que l'on disait un rendez-vous incontournable de la photographie contemporaine, et qui est en fait une foire où sont représentées principalement des galeries. Qui présentent les oeuvres-phares de leurs artistes-phares, certes. Plus un endroit pour voir les grandes tendances du marché de la photo d'art et de l'édition qu'une véritable exposition où admirer dans son ensemble le travail d'un artiste. De belles pièces, mais le tout m'a laissé une impression mitigée: pas vraiment moyen d'avoir un peu de perspective sur les oeuvres, on se retrouve souvent collé aux cadres, rarement l'occasion voir plus de 3 oeuvres d'un même artiste, parfois dans trois séries différentes. La tête qui tourne à force de se battre pour entrer dans les petits espaces-galerie. Comme si on ne manquait pas déjà d'espace pour respirer, il fallait contourner une grosse BMW au milieu du hall (l'art ne vit pas sans les sponsors, mais on aurait quand même pu donner plus de place aux photographes italiens invités qu'à la grosse cylindrée!)

Bref je suis sortie en me disant que c'était plus pensé comme un marché que comme une exposition mettant en valeur le travail photographique. Ce à quoi j'aurais dû m'attendre, peut-être. Trop dense. Trop de foule. En arrivant à 16h un dimanche, forcément. Trop chers, le ticket d'entrée et le catalogue. Trop tutti frutti. Trop peu de légendes affichées, de mise en valeur de la démarche des photographes. D'un autre côté c'est rassurant pour les photographes de voir que les grands tirages de belles photos ont définitivement acquis leur statut d'oeuvres d'art à part entière, et commencent à se vendre à un bon prix.

Il y avait véritablement de tout: des tirages inédits et des anciens, voire antiques (vieilles gélatines...), des portraits, de l' environnement urbain, couleur, noir et blanc, des images retravaillées en tout genre. Une série paysage italiens (l'Italie étant pays invité) mais là encore trop peu d'espace entre les photos. Un peu comme ces conférences à l'autre bout du monde où vont les chercheurs pour présenter un papier en 5 minutes chrono, sans avoir le temps de le discuter: une expo-carte de visite? Toutes les grandes galeries européennes et américaines étaient là, d'une certaine manière mieux visibles que les artistes eux-mêmes. Mais les photos étaient littéralement les unes sur les autres.

J'aurais dû y aller plus tôt dans la journée, je le savais... J'aurais mieux apprécié les images en d'autres circonstances. En complément, ici une critique plus initiée (et moins bougonne!)

On m'a parlé l'autre jour de la MAC, manifestation d'art contemporain qui se tient le week-end prochain à la porte de Champerret, organisée sur le principe opposé: ce sont les artistes qui exposent en leur nom, pas de galeries. Rien que pour cela, j'ai envie d'aller voir.

Terroirs de Reuilly

Un air de week-end à la campagne. Beau soleil d'hiver samedi. Direction le bois de Vincennes, motivée malgré le froid (des plaques de glace dans l'étang, et du givre par terre encore à midi). J'ai couru un peu trop longtemps, ce qui m'a valu de passer le reste de la journée à récupérer...

Sinon, un sympathique marché des producteurs boulevard de Reuilly ce week-end. De quoi goûter pains d'épices, fromages fermiers, pâtés et rillettes, l'aligot tout chaud sorti de sa grande marmite... et les fameux farçous (spécialité de l'Aubrac, si je me souviens bien: pâte à crêpes, feuilles de bettes, jambon, agrémenté de girolles ou chataignes, le tout passé à la poêle en une délicieuse galette). Je suis revenue avec de belles noix qui ne coûtaient rien, des rillettes, du fromage et un gâteau mystère à goûter, dont j'ai oublié le nom! Une majorité de producteurs en provenance du sud-ouest, beaucoup de vendeurs de foie gras-cassoulet-rillettes (le foie gras et ses sous-produits...). J'y ai retrouvé deux amis et leurs bambins, les derniers ont apprécié le pain d'épice mais quand même préféré le terrain de jeu au bas du boulevard, donc on a partagé le temps entre les deux.

vendredi 16 novembre 2007

La Banquet des Cendres

Enthousiasmée par le premier spectacle d'Antonio Latella, je suis allée voir sa deuxième pièce présentée à l'Odéon - Théatre de l'Europe. La cena de le ceneri, en français le banquet des cendres, est l'adaptation d'un texte d'un certain Bruno, inconnu au bataillon pour ma part, qui y élabore une vision du monde et du cosmos à partir des thèses de Copernic (la Terre qui tourne autour du Soleil et sur elle-même, et pas l'inverse, à l'encontre des convictions de ce temps-là).

La pièce commence devant le rideau par un dialogue à quatre voix autour de conversations savantes et progressivement en vient, dans les tableaux suivants, à faire vivre les savants dont il est question. Les quatre comédiens excellent. Dans le rôle de l'intellectuel austère aux prises avec ses compères dans une joute oratoire, qui vire par moment à l'exercice de diction. Dans une première esquisse pour donner vie aux savants évoqués, où ils font se mouvoir des poupées, marionnettes grandeur nature qu'ils tiennent à bras le corps. Un joli travail sur le corps et sa représentation, qui aboutit à une scène véritablement mémorable (imaginez l'italien bavard qui parle avec ses mains de manière chronique, animant de ces mêmes mouvements les bras et les mains de la poupée de chiffon-marionnette qui lui colle au corps). Voir les photos en bas de page ici. Une belle idée de mise en scène, magnifiquement exécutée.

J'ai eu plus de mal avec la seconde moitié de la pièce. On passe à une scène où on trouve des personnages déguisés en savants et aristocrates du temps de Copernic (j'imagine), avec tout un attirail et des attributs qu'on a parfois du mal à comprendre (l'un porte une chaise sur son dos?!). Ils évoluent en douceur dans bassin d'eau, bruissements de l'eau qui coule en fond sonore. Se mettent à parler en anglais, qui avec un accent italien, qui avec un accent d'Oxbridge. Il devient plus difficile de suivre le dialogue, les comédiens sont à l'arrière de la scène, on les entend moins bien. Un personnage central austère, qui essaie de convaincre les autres, savants officiels ou pseudo-savants aristocrates de sa vision du monde, à contre-courant de l'esprit du temps.

Les choses se gâtent ensuite: cela finit par une condamnation en grande pompe de l'hérétique, dont on représente le procès et la sentence, puis l'éxécution (à mi-chemin entre l'évocation d'un bûcher et d'une crucifixion). Tout cela est très visuel et très sonore et on s'y perd un peu à en chercher le sens derrière les effets spéciaux. La fin surtout, plus que surprenante, trop décalée: projection sur grand écran des images d'une naissance en directe, gros plan sur la tête du nouveau-né qui émerge des entrailles de sa mère. Une telle utilisation de ces images brutes pour figurer l'idée d'une renaissance (intellectuelle, malgré l'élimination des hérétiques?), personnellement, ça ne m'emballe pas du tout. Cela me fait mal dans le bas-ventre, bien plus qu'autre chose... Sarà che sono una donna!

Sans conteste, le choix de ce type de texte pour une adaptation théatrale - un banquet philosophique - relève du défi. Il en sort de très bonnes choses et d'autres plus discutables. Mais au total un ensemble un peu décousu, inégal, avec quelques longueurs dans la seconde partie notamment.

Mon verdict: à voir pour l'excellence du jeu des acteurs, performance exceptionnelle à plus d'un titre. Jusqu'au 18 novembre, informations ici.

dimanche 11 novembre 2007

Y a-t-il une vie dans le 12ème?

Je suis arrivée un peu par hasard dans ce quartier il y a quelques mois à mon retour en France. La situation de l'immobilier étant ce qu'elle est, quand on n'y connait pas grand chose et qu'on n'a pas le temps de chercher, on prend ce qu'on trouve.

Finalement, je n'y suis pas mal. Sauf que je cherche encore la vie de quartier qui semble-t-il, n'existe pas vraiment... Déjà, trouver une cantine pour déjeuner les jours de semaine où j'y suis est un challenge. Il y a bien le marché d'Aligre mais difficile d'y dégoter un endroit sympa pour déjeuner correctement (comprendre: bon et sain à la fois, si possible!) à un prix abordable. Les tickets restos c'est bien sympa pour ceux qui les ont, mais pour les autres, cela fait quand même augmenter les prix, moi je dis.

Donc, la vie de quartier dans le 12ème. La prolifération de boutiques informatiques a défiguré quelques rues, certes. Quelques grands immeubles pas très jolis et ambiance tout-béton dans le quartier Saint Eloi et Montgallet.

La mairie fait des efforts en soutenant des activités permettant de mieux mettre en valeur l'arrondissement, comme le développement du viaduc des arts qui héberge des artistes et des artisans, le commerce de proximité ou équitable. Cela dit, au final, le coin de Reuilly-Daumesnil a plutôt pas mal d'atouts pour y habiter: loyers qui restent aborables, on est à deux pas du Faubourg Saint-Antoine et de Bastille, de la Coulée Verte, à quelques foulées du bois de Vincennes, et à proximité de la gare de Lyon, le tout bien relié par plusieurs lignes de métro, dont la 1 et la 14. Un marché sympathique et pas très cher Place d'Aligre. De quoi satisfaire un peu tous les goûts, non? En tout cas cela correspond assez bien à ce que je cherche à avoir près de chez moi pour l'instant. Avoir des cinémas à proximité. Etre près d'un parc pour aller courir le dimanche. Mes lieux de travail dans le 6ème et le 13ème sont facilement accessibles. Pour qui se déplace à vélo, Saint-Germain est à 20 minutes, moins le soir (testé).

Reste la question que beaucoup évoquent: comment faire pour recréer cette vie de quartier dont nous sommes nombreux à déplorer l'absence? C'est quoi une vie de quartier, déjà? Dire bonjour à ses voisins? Les retrouver chez le boulanger? Et puis?

J'ai déjà eu l'occasion de constater ailleurs que la vie de communauté est souvent un fantasme assez partagé, mais que peu sont prêts à véritablement animer, dès que cela suppose de s'exposer légèrement. Un peu comme les gens qui marchent sur les autres dans le métro avant de passer la soirée sur des sites de rencontres...

samedi 10 novembre 2007

Moby Dick à l'Odéon

Y aller ou ne pas y aller, compte tenu du boulot qu'il me reste à faire, j'ai tergiversé quelques jours. Puis, autant par goût du jeu que par envie de voir le spectacle, j'ai tenté ma chance au téléphone du Monde, et gagné 2 places. Voilà qui résoud le dilemme : -)

Moby Dick, d'après le roman du même nom. Comme prévu je suis donc allée jeudi au théâtre de l'Odéon voir ce spectacle d'Antonio Latella, remarqué à Avignon, pour lequel j'avais une invitation.

C'est à la fois une invitation au voyage et une réflexion sur le thème "Partir... à la recherche de quoi?", qui me parle personnellement, certes. On suit le personnage principal, un homme de terre, instruit, attiré de manière irrationnelle par l'épopée de la chasse à la baleine, en dépit du danger et des mises en garde. Il parvient à se faire accepter comme membre d'équipage sur un bateau et s'engage pour des mois, voire des années dans les mers déchaînées. Voyage terrible dans lequel les hommes des baleiniers affrontent à la fois les mers hostiles, les cétacés géants qui les peuplent, qu'il chassent au harpon dans un corps à corps entre le bateau et la bête, et enfin, inévitablement, eux-mêmes. La majeure partie de la pièce se déroule dans le huis clos du bateau en pleine mer. On y suit les espoirs et les déceptions des baleiniers, les doutes et leurs interrogations, les rixes, la rage et les réconciliations. La chasse à l'animal n'est pas une pêche ordinaire: le redouté, mais finalement si humain capitaine Achab (interprété par un des plus grands acteur italiens, Giorgio Albertazzi, octogénaire en grande forme!) cherche en fait à assouvir sa vengeance sur cette baleine mystérieuse, la plus grosse jamais vue, qui lui a fauché une jambe lors d'une campagne précédente. Existe-t-elle véritablement? Lui seul l'a déjà vue de ses yeux.

La mise en scène et l'adaptation du texte rendent très bien le côté mystérieux, voire mystique de l'épopée, où l'on perd parfois le sens de ce que l'on cherche, voire ses sens tout court. Le bateau se confond un temps avec un autel, avec l'irruption d'un prêtre et ses injonctions aux pêcheurs juste avant le départ. Au delà de la chasse à la baleine, les hommes sont en quête d'eux mêmes... La variation des langages constitue une trouvaille géniale: les marins s'expriment par moment en langue des signes, dont l'effet visuel est pleinement utilisé.

En résumé, une pièce qui nous transporte véritablement dans un autre monde, qui embarque le spectateur dans le voyage. J'y ai passé un très bon moment. L'Odéon est en outre un très beau théatre, avec ses balcons, ses dorures et son velours rouge. La particularité de sa programmation est d'accueuillir de nombreuses troupes étrangères, qui jouent leurs créations en langue originale surtitrée.

mardi 6 novembre 2007

L'Europe des peuples, le meilleur et le pire

De ces ailleurs où j'ai vécu ces dernières années, j'ai gardé des références un peu décalées... En flânant sur YouTube, je suis retombée sur mon émission polonaise préférée. En ces temps de (re-)lamentations sur l'Europe des bureaucrates et des gouvernements qui signent des traités se préoccuper des peuples, prenons les choses à la dérision, pour changer. Dans cet autre pays de l'euroscepticisme chronique qu'est la Pologne, la connaissance et la compréhension mutuelle dans l'Europe des peuples avancent à grand pas chaque semaine...

"Europa da sie lubic" (Que l'Europe s'aime), ou comment présenter les us et coutumes des autres européens sous leur jour le plus... pittoresque. On y trouve des représentants des principaux pays européens, mi-comiques mi-mannequins, joyeux drilles qui s'interpellent et se mettent en scène dans des situations de la vie quotidienne (qui pourraient être les nôtres), à grand renfort de stéréotypes. Le tout dans un polonais coloré par les divers accents des hôtes. J'ignore toujours pourquoi, la France est souvent absente ou bien mal représentée, pourtant ce ne sont pas les Français qui manquent en Pologne! La grande star du show est l'Allemand Steffen Müller, le plus à l'aise et le plus bavard aussi.

Inutile de dire que l'émission fait un tabac dans un pays où tant de jeunes aspirent à voyager voire à aller travailler à l'étranger. J'avoue qu'elle me fait bien rire aussi: c'est ainsi, quand on évolue dans un milieu où l'on côtoie des gens d'un peu partout, finalement, admettons-le, consciemment ou non, on rattache facilement les stéréotypes nationaux à des traits familiers. Quand le chauffard italien de service (napolitain de surcroît) se fait spontanément rattrapper par les stéréotypes sans même vouloir jouer la provocation ça donne ça:



On a même vu la chef de la délégation de la Commission Européenne participer à l'émission (la preuve ici)

A quand une version française? Mes souvenirs sont flous, as-ton vu un bref épisode sur une chaîne française, il y a longtemps?

dimanche 4 novembre 2007

Paris à travers ses personnages peu illustres

Deux mots d'un one-woman show détonnant, vu l'autre jour et bien apprécié: Dixlesic de Lauréline Kuntz.

Un monologue dynamique et coloré, des textes écrits par elle-même où chaque mot est choisi minutieusement, des personnages animés par une belle présence scénique, et une comédienne au débit impressionnant. Un spectacle difficile à décrire tant il brouille les genres (Lauréline est venue du slam), à la fois décapant et poétique, parfois salace sans être vulgaire, mélangeant bribes de vécu et création littéraire. Où l'on croise pêle-mêle les touristes de la Tour Eiffel, caïds et loubards, un tueur en série, les filles des beaux quartiers, une immigrée chinoise en mal de papiers, et le pauvre Gégé qui encombre le trottoir de ses odeurs. Des histoires en apparence bien de chez nous comme dirait l'autre, mais racontées de manière peu commune.

C'est Lauréline Kuntz au Point-Virgule, petit salle du Marais qui a fait des grands noms. Tous les mercredis, jeudis, vendredis et samedis jusqu'à fin décembre. Toute l'info ici.

On lui souhaite tout le succès qu'elle mérite!

Où dînez-vous avec vos parents?

Les parents en visite dans une ville où l'on vient à peine de débarquer, c'est pas toujours évident à gérer. Problème courant: je connais bien quelques restos sympas mais je ne vais pas pouvoir emmener mes parents là où je vais avec mes amis, quand même. C'est pas tout à fait le même style, disons!

Un ami m'avait donné une suggestion de choix: le Train Bleu, jolie brasserie belle époque au dessus de la Gare de Lyon. Je suis allée voir la carte sur leur site et je me suis dit que c'était plutôt à garder pour les grandes occasions! De toute façon, on s'y est pris trop tard pour réserver, déjà plein (le week-end de la Toussaint...)

Au final on a opté pour la facilité: Comme Cochons, juste en bas de chez moi. Bien mangé, prix corrects pour Paris (je commence à peine à m'y habituer), à noter que les accompagnements de viandes sont riches en bons légumes - et je ne veux pas dire pommes de terre.

Dans le même trip redécouverte de la cuisine française, un peu mon dada du moment, le lendemain nous sommes partis à la recherche d'une autre belle brasserie traditionnelle, pour finir à la brasserie 1900 à Montparnasse. Jolie salle en carrelage peint à l'avant, dommage qu'elle soit bruyante quand elle est pleine. Malheureusement plus de place à l'avant donc nous avons dîné dans un salon à l'arrière, beaucoup moins de charme. Service attentif et plats corrects, fruits de mer et poissons bien représentés sur une carte sans originalité. Un alsacien outré de se voir proposer une choucroute avec des saucisses de partout sauf de Strasbourg. Pour manger la choucroute (nullement l'intention), pour commencer nous étions à côté de la mauvaise gare...

Les joies du contrat de travail

Après des années sans véritable statut ni d'étudiant ni d'employé dans aucun pays européen bien que résidant et travaillant dans l'UE (la face cachée des organisations internationales), j'étais toute contente de savoir enfin qui j'étais et quelle case cocher dans les formulaires administratifs. Joie qui m'est vite passée quand j'ai compris dans quelle situation j'avais encore trouvé moyen de me mettre.

Première étape, signature du contrat de travail. On avait déjà joué la partie préliminaire, où j'essayais vainement d'obtenir que le contrat soit daté à la date de mon début d'activité. Peine perdue.

Round I, Service 1

- Bonjour, je suis venue me présenter comme je commence à travailler ici cette semaine, et j'aurais aussi une question pour vous... je voulais vous demander comment cela se fait que mon contrat soit daté du mois suivant, il doit s'agir d'une erreur?
- Vous ne devez commencer à travailler que dans un mois. Vous ne serez pas payée pour ce mois.
- Mais c'est la rentrée aujourd'hui, et on m'a recrutée pour la rentrée, alors je suis venue. D'ailleurs j'ai interrompu une autre activité pour venir travailler chez vous dès la rentrée.
- cela ne nous regarde pas, pour nous, vous n'existez pas
- et en plus je reviens de l'étranger et je n'ai plus de droit à la sécurité sociale, mes droits sont échus au titre de ma situation antérieure.
- ah mais vous vous rendez compte si vous vous cassez la jambe dans l'escalier? vous ne devez pas travailler en septembre.

Round I, Service 2

- Bonjour, je suis venue me présenter comme je commence à travailler ici cette semaine, et j'aurais aussi une question pour vous...
- Vous ne devriez pas travailler en septembre.
- Mais la rentrée est fixée début septembre, j'ai été recrutée pour commencer mes cours au premier trimestre comme tout le monde. Comment se fait-il que les contrats ne correspondent pas à la date de la rentrée?
- Le poste n'est pas vacant en septembre. (comprendre: quelqu'un d'autre est visiblement payé pour le travail que JE fais pendant ce mois! Heureux élu!)
- Mais je ne comprends pas: le poste n'est pas libre en septembre 2007 mais mon contrat ne couvre pas septembre 2008 non plus. Donc en plus vous m'employez sur 11 mois pour faire le travail correspondant à 12 mois. Vous pouvez m'expliquer?
- Vous faites XX heures de bénévolat. Vous acceptez ou non?

Round II (un mois plus tard)

- Mais comment est-ce que cela se fait que vous n'ayez pas encore d'adresse sur place?
- Errrm, je me voyais mal déménager avant d'avoir un contrat de travail. De toute façon j'aurais eu du mal à financer une caution avant de percevoir un salaire.
- (pas le moins sourcil émotionné)
- vous pourriez m'expliquer quelles sont les démarches à faire pour obtenir ma nouvelle carte de sécurité sociale? Quelle est ma caisse primaire ou dois-je la choisir moi-même?
- Ben, c'est la même caisse que quand vous etiez étudiante.
- La dernière fois que j'étais étudiante en France c'était il y a quatre ans et à l'autre bout de la France...
- Ah, mais vous n'êtes pas inscrite en thèse chez nous?
- Non, puisque je suis inscrite ailleurs...
- Ah, alors je ne sais pas, je vais demander à mes collègues... (5 min plus tard) Je me suis renseignée, alors ne sait pas vraiment mais on pense que c'est la caisse XX. Vous devez allez leur demander comment procéder.
- Je vois. Et mon contrat de travail, vous m'en renvoyez une copie?
- Oui on vous la retourne à votre casier, mais cela va prendre quelque temps...
- Mon casier?
- Ben oui, comme tout le monde vous devez avoir un casier dans le bâtiment Y
- je ne suis pas sure, on m'en a jamais parlé, vous ne pouvez pas plutôt me l'envoyer dans le bâtiment Z, à mon bureau, c'est juste en face?
- non, nous en envoie le courrier au bâtiment Y, et pas au bâtiment Z. C'est comme ça.
- et j'aurais aussi une carte d'enseignant je suppose?
- Ah non, on peut pas vous donner une carte de fonctionnaire puisque vous ne l'êtes pas!
- je vous parlais d'une simple carte de rattachement à l'université qui indique que j'y enseigne. Les etudiants ont bien une carte, les enseignants non?
- en principe, non, je ne sais pas... il faudrait contacter un autre service...
- Je vois. Et mon email, maitenant que j'ai mon contrat, je peux avoir un email enfin, non?
- oui, en principe, je vais le chercher...

(ouf, c'est déjà cela de gagné...)

Benvenuto

Quelques années de vadrouille en Europe m'ont permis d'apprécier les tips dénichés sur internet et les blogs qui par-ci par-là ont grandement éclairé mon chemin et guidé mes découvertes. De retour en France avec un brin d'exotisme toujours dans la tête et le coeur, j'ai moi aussi envie de partager bons plans, bons coins et billets d'humeur, et mon regard parfois familier, parfois interloqué à la redécouverte de Paris. Ou Paris vu de l'extérieur et vécu de l'intérieur, sous le regard d'une "réimpatriée", comme on dit dans le monde des affaires. Bonne lecture et n'hésitez pas à réagir, suggérer, commenter.
T

(photo ©Tiusha)