dimanche 27 septembre 2009

Notre terreur, ou le renouveau du théâtre politique

La révolution nécessite-t-elle de gouverner par la terreur?

C'est le sujet au coeur de la pièce de Sylvain Creuzevault actuellement donnée à La Colline, en ouverture de la première saison placée sous la nouvelle direction de Stéphane Braunschweig (auparavant à la tête du théâtre national de Strasbourg). Sujet qui donne matière à débat, on s'en doute. Notre terreur s'ouvre sur un réquisitoire de Saint-Just et l'on comprend qu'on est au lendemain de l'exécution de Danton. Sous les projecteurs, le Comité de Salut Public fait le bilan et délibère des affaires courantes. Nous voilà ramenés aux années troubles qui suivirent la Révolution de 1789.

Pour l'histoire, un rattrapage en vitesse ici (une chronologie bienvenue figure dans le livret distribué aux spectateurs...)

La grande intelligence de la mise en scène est de placer l'action dans un décor d'aujourd'hui qui paraîtra familier à tout militant d'un jour ou de toujours, tant il rappelle une réunion de section partisane ou syndicale, un comité de lutte en apparence presque quelconque. Le public est réparti de part et d'autre de la scène, à quelques mètres des acteurs dont on peut saisir la moindre expression.

Au milieu une longue table parsemée de quelques verres et bouteilles autour de laquelle se réunissent huit membres du Comité de Salut Public, ceux qui décident de la poursuite de la révolution en général et du sort des contre-révolutionnaires en particulier.

On saisit peu à peu qui est qui, chacun a son caractère, son tempérament et sa vision des choses, sa part de responsabilité aussi. Parmi eux Saint-Just, le benjamin, aussi intransigeant qu'impulsif, Robespierre plus posé, meneur naturel, Collot aux opinions extrêmes qui n'hésite pas à réclamer la mort des coupables mais aussi de leurs proches. La troupe se joue à merveille des nuances de personnalité. Ils sont habillés sans chichis, comme vous et moi. Robespierre porte une chemise blanche et un pantalon à ceinture, Saint-Just une chemise noire qui tombe sur un jeans de la même couleur.

Les décisions, souvent dramatiques condamnations, se prennent au vote à main levée. La discussion est tendue: l'espace de la délibération et de la discussion se réduit progressivement, l'unité s'impose au prix d'une autorité de plus en plus marquée; il y a de moins en moins de place pour le désaccord. Au fil des séquences, la tension devient palpable et la camaraderie fait place au soupçon: la cohésion du Comité se fissure... Le spectacle du coup devient plus visuel, effet hémoglobine compris, et l'action s'accélère sous la tension.

En résumé, une pièce qui donne à voir et surtout à réfléchir en nous laissant nous interroger sur les contradictions du gouvernement au nom de la liberté mais contre celle-ci. Sans grandiloquence historique aucune. Comme si nous y étions. Comme si c'était une question d'actualité. Elle l'est.

Une pièce qui fait aussi écho au fonctionnement de la compagnie, puisque c'est une création collective qui s'appuie sur une vision horizontale et collaborative de la mise en scène plutôt que sur l'autorité du seul metteur en scène.

Longue vie à la jeune compagnie D'ores et déjà, qui présente en octobre une autre création en reprise à La Colline: le Père Tralalère

Je ne suis pas la seule à apprécier, d'autres avis:
Fabienne Darge pour Le Monde
René Solis pour Libération
Lena Martinelli pour les Trois Coups

> Notre Terreur. Jusqu'au 9 octobre. Théâtre de la Colline, 75020, métro Gambetta. tarif plein: 27€, 19€ le mardi (spectacle complet à la location en ligne, vous pouvez toujours essayer directement après du théâtre)

Sinon, rien à voir mais Transfer, de Jan Klata dont j'avais parlé l'année dernière est programmé à Paris dans le cadre du Festival d'Automne, du 5 au 7 novembre 2009 à Créteil.

samedi 5 septembre 2009

Horizons dentelés




Fin d'un été placé sous le signe de la montagne.

A essayer d'imiter les bouquetins.



On ne peut pas rivaliser...