samedi 26 juillet 2008

Portaits dansés à la maison des métallos

Assurément hors catégorie, donc pas commode à restituer, mais à voir absolument!

Ce n'est pas une exposition, ce n'est pas une installation vidéo, ce n'est pas un spectacle de danse, ce n'est pas une enquête, c'est tout à la fois... Un "parcours vidéo-chorégraphique" (site du projet) qui nous amène à porter notre attention sur la gestuelle du quotidien, à en saisir les nuances aux quatre coins du monde, avant de nous projeter dans une séquence de danse où les chorégraphies reprennent ces même thèmes. Emerveillée, captivée, j'ai adoré. Je trouve le projet génial!


Philippe Jamet, chorégraphe et vidéaste, a silloné avec sa caméra un certain nombre de pays aux quatre coins du monde. Avec une belle volonté de partir à la rencontre des populations et de les faire parler d'eux. Et il le fait de manière admirable. Une magnifique expérience humaine, sans aucun doute. Mais en plus, il en a ramené des portraits vidéo épatants. Aussi bien pris individuellement que dans leur juxtaposition. Et comme si cela ne suffisait pas, il en a fait un mini-spectacle de danse avec sa compagnie.

Il part donc à la rencontre des habitants du Burkina Faso, du Brésil, de New York et de Marrakech, du Japon, et de citoyens des 27 pays européens à Paris. Dans chaque ville il s'entretient de manière approfondie avec ceux dont il fait le portait en une séquence vidéo de 3 minutes. Pour cela, un questionnaire précis, sert de trame à chaque séquence et de fil conducteur pour l'ensemble. Cela nous fait progressivement pénétrer dans l'intimité de leur parcours de vie: on part de leur ville, de leur maison, puis on s'intéresse à leur corps, pour en arriver enfin à des choses plus personnelles et intimes sur le thème de la rencontre amoureuse, du bonheur et du malheur, de la peur, de l'espoir. Pour ces derniers thèmes, Jamet leur demande d'associer la description gestuelle à ce qu'ils expriment par des mots. Au total, cela donne une multitude de portaits vidéos juxtaposés où l'on retrouvera systématiquement ces élements, fondements universels de l'être humain, dans plein de contextes différents.

Pourquoi c'est génial? D'abord parce qu'il laisse les gens se raconter assez spontanémént, mais sans pour autant que cela tourne au reality-show ou au documentaire interminable et lassant. Le schéma des portraits se répète rigoureusement ce qui permet de les relier l'un à l'autre. Parce que ces petites questions simples donnent une foule d'indices sur les individus dont on brosse ainsi le portait. Parce que c'est une ode à l'humanité qui démontre que par-delà les cultures, les océans et les continents les expériences fondamentales restent vécues de manière singulièrement similaire. L'humanité n'est qu'une. Parce que malgré cela, c'est extrêment intéressant de voir les petites variations que l'on retrouve dans le rapport au corps, à l'environnement, et aux événements de la vie quand on passe de l'Afrique à New York, ou du Brésil au Japon... Où l'on constate étonnamment que presque tous s'endorment du même côté droit, que certains ont plus peur des hommes, d'autres de la nature ou du surnaturel, que la place de l'homme dans le paysage n'est pas la même pour tous, que la pudeur est plus ou moins ancrée...

Mais la démarche ne s'arrête pas là. Le montage reprend ensuite les séquences gestuelles de chacun des portaits pour en faire un tableau chorégraphique, composite et interculturel, des émotions abordées. Enfin, ces thèmes sont réinterprétées par des improvisations chorégraphiques, dansées en solo juste devant vous. C'est toujours époustouflant de suivre les corps en mouvement des danseurs d'aussi près.

Chaque expérience du parcours est unique, il faut se contenter d'une partie des séquences vidéo sur chaque pays, pas besoin et surtout pas le temps de tout regarder (il y en a pour 6h au total). N'empêche qu'en sortant on se dit qu'on reviendrait bien voir le reste, quand même.

A voir sans détour!

Même un soir où vous auriez envie de vous vautrez sur des coussins devant la télé: ça aussi, c'est prévu...

C'est jusqu'au 3 août, toutes les infos ici (dans le cadre de Paris quartier d'été). Vous en entendrez sûrement parler par ailleurs.

EDIT: Quelques extraits vidéo à voir sur le site de Philippe Demard (installations > portraits dansés > tour du monde)

> Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud - 75011 Paris.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le concept est clairement original... Ca a l'air très intéressant et on sent bien que tu as été très emballée !

Anonyme a dit…

Il faudrait vraiment que j'aille à la maison des métallos ! J'essaierai pt'êt de voir cette expo...

Anonyme a dit…

Tu as vu juste le montage vidéo ou le spectacle de danse aussi ?

M.

tiusha a dit…

MC: Je pense que ça parle forcément à quiconque a côtoyé d'autres cultures ou un peu voyagé, et à tous ceux qui sont sensibles à l'exploration de la nature humaine.

Piero: en ce qui me concerne je suivrais un peu plus ce qui s'y passe à la saison prochaine!

pour ne rien gâcher il y a plein de petits bars et resto qui ont l'air sympa en descendant la rue vers Oberkampf (mais tu dois connaître non?)

M: j'ai fait la totale. ce n'est pas un spectale à proprement parler, plutot l'aboutissement du reste (chorégraphier le réel). Des improvisations chorégraphiques en solo, très épuré, sans mise en scène. fascinant de mon point de vue, ils sont doués...