samedi 9 avril 2011

L'homme d'Etat, le secret et la mort

Deuxième soirée au théâtre cette semaine, et la deuxième fut la bonne.

Après un traumatisme teinté d'ennui ce mercredi avec le Prométhéus de Jan Fabre au Théâtre de la Ville, que j'ai trouvé sans queue ni tête ni intérêt aucun - enfin, surtout sans tête...

Adagio
à l'Odéon ce soir, donc, au pied levé, pour tenter de se rattraper.

Une belle réussite d'Olivier Py. Il fallait oser: un spectacle sur François Mitterrand, président de la République fraîchement, à qui l'on annonce qu'il a un cancer avancé. Beaucoup d'encre a déjà coulé pour raconter cette histoire depuis la mort de l'homme et la fin des secrets, mais l'incarnation théâtrale lui donne une toute autre dimension.

Le rôle titre mais aussi les personnages secondaires sont bien travaillés dans le registre de l'imitation: les intonations y sont, la démarche, les traits de caractère les plus marquants ressortent bien. On s'y croirait. C'est bien vu. Philippe Girard excelle dans le rôle de Mitterrand.

L'histoire des deux septennats, faite d'une suite d'événement symboliques, internationaux ou anecdotiques sert de fil conducteur au spectacle centré sur le personnage principal, forcément. J'y ai appris quelques éléments que j'ignorais, comme la présence d'Anne Lauvergeon dans l'entourage proche de François Mitterrand. Les interrogations de l'homme face au pouvoir, face à son électorat socialiste, mais surtout face à la maladie et la mort sont au centre du texte. C'est l'homme qui regarde son histoire et la façonne à son image.

Un bel hommage à François Mitterrand, l'homme plus que le politique (et c'est heureux), même si la politique et les intrigues autour du pouvoir sont omniprésentes, évidemment. L'homme érudit, calculateur, l'homme de pouvoir plus que de convictions peut-être, malade et placé face à son destin, qui s'interroge sans cesse sur l'au-delà aussi. Un portrait sans concession qui salue l'homme néanmoins.

Et j'en suis ressortie émue, j'avoue, avec le sentiment de faire vraiment partie de la génération Mitterrand. J'avais 3 ans en 1981, je me souviens de l'annonce de sa mort par ma prof d'histoire comme si c'était hier, j'étais en terminale. Elle avait la larme à l'oeil et le sourire ému, demandant une minute de silence.

On se prend à rêver d'un chef d'Etat qui en ait à nouveau la stature. Même si ce n'est pas du tout le propos de la pièce.

Longs applaudissements. Espoir?

1 commentaire:

Cristophe a dit…

Si le portrait est vraiment sans concession, cela me plairait peut-être.